Les Plague Brothers – Hommage à Wayne England
- Alexandre Vallet

- 17 sept.
- 4 min de lecture
Il y a des artistes qui marquent à jamais l’imaginaire. Des créateurs dont le style devient une empreinte, indissociable d’un univers. Pour moi, Wayne England fait partie de ceux-là. Son trait si particulier a façonné ma vision du Chaos et des démons dès mon enfance, à une époque où je découvrais Warhammer avec des yeux écarquillés et une imagination en ébullition.
Aujourd’hui, en sculptant mes Plague Brothers pour ma gamme Maraud Miniatures, j’ai voulu lui rendre hommage. Ce n’est pas seulement une question de nostalgie, mais une manière de prolonger son héritage, de transformer en volumes ce qui, enfant, me fascinait sur papier.
Le choc de "Champions du Chaos"
L’image qui m’a marqué pour la première fois, chez mon ami qui jouait guerriers du chaos, c’était la couverture du supplément Champions du Chaos.

Rien qu’en la voyant, avant même d’ouvrir le livre, j’ai pris une véritable claque visuelle.
Ce guerrier colossal, figé dans une armure hérissée de pointes, entouré d’une atmosphère saturée de violence et de mystère… Tout y était.
Ce n’était pas seulement une couverture de jeu : c’était une icône du Chaos. Wayne England avait le don de condenser dans une seule image tout ce que représentaient ces univers : la grandeur, la corruption, la puissance et l’inquiétante beauté du mal. Dès ce moment-là, mon imaginaire était conquis. Ouvrir le livre par la suite ne fut qu’une plongée plus profonde dans un monde dont la porte d’entrée était déjà gravée dans ma mémoire à travers cette couverture.
Des Portepestes aux Plague Brothers
Parmi toutes les œuvres de Wayne England, ce sont surtout ses représentations des Plaguebearers qui m’ont marqué à vie. Il y avait ces planches en noir et blanc, saturées de hachures et de textures, où chaque démon semblait émerger d’un cauchemar organique, mi-chair mi-pourriture, brandissant des armes cabossées . Ces images avaient la force d’une gravure médiévale réinventée pour Warhammer. Et puis, il y avait cette illustration en couleurs, tout en verts maladifs et en contrastes vifs.

On y voyait un portepeste trapu, grotesque mais terriblement cool, marqué du symbole de Nurgle sur le ventre, une épée barbelée à la main. L’arrière-plan, grouillant de visages spectraux, donnait à l’ensemble une atmosphère presque hallucinée. Ces œuvres réunissaient tout ce qui fait la force du Chaos : le grotesque et le sublime, l’humour noir et la grandeur épique. Pour moi, Wayne England avait capté l’essence même de Nurgle : un mélange de corruption et de vitalité, de mort et de décadence. C’est cette essence que j’ai cherché à capter dans mes Plague Brothers. Mes sculptures ne sont pas des copies exactes de ces illustrations, mais elles en sont les héritières. Je voulais retrouver la même présence physique : des corps trapus, difformes, mais droits ; des visages cyclopes grotesques, mais expressifs et des armes lourdes qui te donnent le typhus!
Ses contributions à d’autres univers
Wayne England ne s’est pas limité à Warhammer : il a prêté son trait à de nombreux autres univers, ce qui renforce encore son influence.- Il a illustré plus de 100 cartes pour Magic: The Gathering. Il a également travaillé sur des jeux de rôle, comme Donjons & Dragons ou encore The Wheel of Time . Ces collaborations sont essentielles à rappeler parce qu’elles montrent que son style était adaptable, reconnaissable et respecté dans des contextes très différents — mais toujours avec cette même gravité baroque, cette texture sombre, cette capacité à mêler horreur et fantaisie .
Reprendre le flambeau par la sculpture
Quand j’ai commencé à concevoir mes Plague Brothers, c’était cette vision que j’avais en tête. Pas question de copier servilement une illustration : mon but était de traduire en trois dimensions ce que ces images éveillaient en moi. J’ai donc repris plusieurs éléments caractéristiques :
- La silhouette trapue et solide, presque cubique, qui donne une impression de stabilité inébranlable.
- Les visages grotesques mais expressifs, avec leur œil unique et leur langue pendante, à la fois comiques et terrifiants.
- Les armes lourdes et cabossées, , qui semblent trop massives pour leurs porteurs.
- Le symbole de Nurgle, gravé dans la chair elle-même.
Mais j’y ai aussi ajouté gràce à mes gros doigts, ma touche personnelle : un travail sur les textures organiques, des entrailles apparentes, des postures légèrement décalées qui accentuent le côté grotesque. L’idée n’était pas seulement de reproduire, mais de prolonger : comme si mes figurines sortaient directement de l’univers visuel de Wayne England, mais passaient par mon propre filtre artistique.
Une nostalgie créative
Sculpter ces modèles a été une expérience profondément personnelle. Chaque détail, chaque boursouflure, chaque cicatrice ajoutée était comme un dialogue silencieux avec l’enfant que j’étais, plongé dans les pages de Champions du Chaos, émerveillé devant ces gravures cauchemardesques. En travaillant la FIMO et en affinant les volumes, j’avais constamment en tête ces images de Wayne England. Je me demandais : qu’aurait-il pensé de mes
figurines ?
Aurait-il souri en voyant cette langue pendante ou cette arme disproportionnée ? Bien sûr, je n’aurai jamais la réponse.
Mais ce qui compte, c’est que ce processus m’a permis de raviver une flamme ancienne, de retrouver ce frisson adolescent devant la couverture de Champions du Chaos, et de le transformer en quelque chose de tangible, de manipulable et bien sûr jouables dans mon armée de nurgle.

Wayne England, un héritage vivant
Wayne England nous a quittés, mais son style reste immortel. Pour beaucoup de joueurs et d’artistes comme moi, il a façonné notre imaginaire du Chaos. Ses illustrations ne sont pas de simples images : elles sont devenues des archétypes visuels, des repères culturels, des icônes collectives. À travers mes Plague Brothers, j’ai voulu participer à cet héritage. Offrir ma propre pierre à l’édifice. Non pas en prétendant égaler son génie, mais en rendant hommage, en disant : merci.
Merci d’avoir semé ces images dans mon esprit d’enfant.
Merci d’avoir donné un visage à mes cauchemars et à mes rêves.
Merci d’avoir rendu le Chaos si fascinant.
De l’encre à la résine
Au final, mes Plague Brothers ne sont pas seulement des figurines. Ils sont un pont entre deux médiums, entre deux époques de ma vie. Ils sont la matérialisation de tout ce que Wayne England m’a transmis, directement ou indirectement. Et si, en les sculptant, j’ai ressenti une forme de nostalgie, j’ai aussi éprouvé une grande joie : celle de voir que l’art n’est jamais figé, qu’il circule, se transforme, renaît.
Wayne England a semé des graines d’imaginaire.
Aujourd’hui, à ma manière, j’essaie de les faire pousser.
Alex
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